Jean-Claude Perrier pour Barlen Pyamootoo

L’Inde étant cette année  l’invitée du Festival, avec une belle délégation d’écrivains, célèbres, confirmés ou jeunes, parlons-donc de « mon » Inde.

J’ai découvert ce pays, ce continent, cet univers pareil à nul autre, il y a maintenant plus de quarante ans. En touriste, mais sans doute pas par hasard. Ce fut un choc sensuel, culturel, esthétique, qui a changé ma vie. J’ai mis neuf ans, la première fois, avant de « digérer » ce voyage, à côté de quoi tous les autres possibles me semblaient fades. Et puis, j’y suis retourné, dans le Sud cette fois, où je m’étais senti plus à mon aise. Ensuite, et c’est ce qui a tout changé de ma relation à l’Inde, à partir de 2002, j’y suis revenu pour « travailler », enchaînant les missions pour le CNL, Culturesfrance, l’Ambassade de France en Inde, l’Institut français, et, de 2018 à 2023, de conseiller littéraire de l’invitation croisée Inde au FLP / Paris 2022, France la NDWBF / New Delhi 2023. Cette opération avait été décidée en 2018 à New Delhi, lors de la première visite d’Etat du Président Macron en Inde, avec le Premier ministre Narendra Modi.

Cette relation à l’Inde, que je ne prétends pas « connaître », ce serait absurde, mais avec qui j’entretiens maintenant une familiarité fervente, un peu comme avec un deuxième pays, a changé ma vie, ma manière de penser, m’a apporté une ouverture sur un autre monde. J’ai maintenant une espèce de « double vie », avec des amis, des éditeurs, des livres…

L’Inde a évidemment marqué également mon travail d’écrivain. J’ai mis du temps, là aussi, pour oser écrire sur le « motif ». De peur de me sentir « insuffisant », comme le redoutait Gide à propos des œuvres d’art du Musée de L’Ermitage à Léningrad -c’est ainsi qu’on disait à son époque. Mes premiers livres « indiens », modestes, datent de 2004-2005. Ce sont deux anthologies, un petit album sur nos anciens Comptoirs (traduit en anglais chez Sampark, à Calcutta, puis bientôt dans plusieurs langues indiennes), et puis, plus ambitieux, le André Malraux et la tentation de l’Inde (Gallimard 2004, traduit en hindi en 2019 chez Indira Gandhi National Center for Arts, et en anglais, cette année 2023, chez Sampark à Calcutta). Je suis très fier que mes livres inspirés par l’Inde soient traduits en Inde, manière de rendre à Bharat tout ce qu’elle m’a donné.

C’est le cas aussi pour Comme des Barbares en Inde (Fayard, 2014, finaliste du prix Renaudot Essais), qui vient de paraître en anglais chez Niyogi, à New Delhi, sous le titre Like Barbarians in India. En clin d’œil, bien sûr au Barbare en Asie d’ Henri Michaux (dont environ la moitié est consacrée à l’Inde), j’ai rassemblé dans ce livre quatre écrivains qui, d’une manière ou d’une autre, ont entretenu une relation avec l’Inde : Pierre Loti, Henri Michaux, André Malraux et André Gide. Mes gourous. J’ai glissé, entre les chapitres qui leur sont consacrés, quelques histoires et aventures personnelles. Comme ma rencontre et mon amitié avec Ravi Shankar, un pur miracle, tel que seule l’Inde peut en provoquer. C’est cet épisode que j’aimerais vous faire découvrir aujourd’hui (pages 141-147). Parce que, à travers sa musique, c’est toute l’âme de l’Inde qui s’exprime. « N’oubliez pas cela, l’Inde chante », écrivait Michaux. Chantons avec nos mots.

J.-C. P.

Source photo : https://radiorcj.info/diffusions/jean-claude-perrier-pour-son-livre-le-photographe-de-notre-dame/

close

On se
connecte !

veillez à vérifier vos filtres de courrier

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*