[INTERVIEW] Yusuf Kadel

Yusuf, il s’agit de ta deuxième participation au Festival du livre de Trou d’Eau Douce. L’an dernier tu avais donné un récital de poésie en compagnie d’Umar Timol, Sharon Jacquin-Ng et Alexandre Jacquin-Ng. Cette année tu reviens pour le lancement d’un nouveau recueil, Lavi Wilson Begué. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Ce recueil est mon premier recueil en créole. Il réunit une trentaine de poèmes rédigés entre 2019 et 2020. Ne pouvant pas le proposer à mon éditeur en France, j’ai proposé à Barlen Pyamootoo de le publier dans le cadre de la deuxième édition du Festival du livre de Trou d’Eau Douce.

Depuis tes débuts, tu as privilégié la langue de Molière dans tes écrits, pourquoi as-tu opté pour le créole cette fois-ci ? Et qui est ce mystérieux Wilson Begué qu’évoque le titre du recueil ?

Sachant que la poésie que l’on pratique est le reflet de ce que nous sommes, et que nous sommes le produit de notre parcours, je me suis demandé à quoi ressemblerait ma poésie si j’avais été quelqu’un d’autre, si mon parcours avait été complètement différent… Pour le savoir, j’ai donc créé un personnage de poète aussi éloigné de moi que possible. Je suis musulman et d’origine indienne, mon personnage est Rodriguais ; je suis issu de la bourgeoisie, il est issu des classes populaires ; j’ai cinquante ans, il en a vingt-cinq. Et lorsque je lui ai tendu la plume, il a écrit en créole… une poésie non pas ciselée comme la mienne, mais acérée ; non pas contemplative comme la mienne, mais engagée…

En voyant le teaser du livre, on a l’impression que tu abordes des sujets très actuels tout en questionnant la société mauricienne, quelles ont été tes inspirations ?

Dans ce recueil, mon personnage puise son inspiration dans les aberrations et injustices du quotidien. Il les révèle, les dénonce et les fustige.

Pour terminer, comment vois-tu l’évolution de la poésie à Maurice ?

Notre pays est surnommé « l’île des poètes ». Alors, pourquoi cet attrait des littérateurs mauriciens pour la chose poétique ? Est-ce le climat, le soleil, le contexte tropical qui incitent à rêvasser et par là même à… rimailler ? Difficile à dire. On ne peut que noter l’espace de plus en plus conséquent occupé par les poètes à Maurice au fil du temps. Bien que la relève de la génération actuelle soit plutôt discrète, je suis convaincu que la poésie mauricienne saura se renouveler. La poésie est profondément ancrée en nous.

Merci Yusuf, bon lancement et bon festival !

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