

Riambel, Riambel… Que dire de Riambel ?
Priya Hein qui nous avait habitué à des œuvres de littérature jeunesse jusque-là nous propose ici un premier roman qui s’impose comme l’une des lectures incontournables de cette année pour tout amateur des belles lettres qui se respecte. Cela faisait déjà un moment que Riambel faisait parler de lui.
Le 25 octobre 2021, Priya Hein se voyait remettre en mains propres par J.M. Le Clézio le prix Jean Fanchette pour son manuscrit. Mais il aura fallu attendre encore un peu avant que la version finale soit publiée. La romancière nous raconte l’histoire de Noémie, une jeune descendante d’esclave vivant dans les quartiers pauvres de Riambel. Pourtant à proximité se situe l’illustre demeure des De Grandbourg, une riche famille de blancs mauriciens où travaille la mère de Noémie. La jeune fille va elle aussi découvrir cet autre monde et les déboires qui vont avec. Forcément, quand deux mondes si différents se rencontrent, cela fait des étincelles.
L’écriture de Priya Hein est volontairement inconventionnelle et séduit d’emblée. On est charmé par le côté surprenant de la structure du roman. Certains chapitres s’étendent sur plusieurs pages, d’autres ne font qu’une ligne. D’autres encore sont entrecoupés de recettes de cuisine. On retrouve également certains passages en italiques en parallèle de l’intrigue principale. Ce qu’il en ressort c’est que Priya Hein écrit à la manière d’une romancière américaine. L’ombre de Toni Morrison semble planer au-dessus de sa tête. Et pourtant l’histoire qu’elle nous raconte est on ne peut plus mauricienne.
L’auteure s’attaque à des thématiques sérieuses et ancrées dans l’histoire de notre île. Priya a une maîtrise parfaite du vocabulaire, elle emploie les mots justes, les manie avec aisance, n’hésite pas à lever le voile sur certains tabous tout en ayant recours à l’humour. Il y a du rythme et de l’esprit dans ce roman, de la poésie et de la finesse. Ananda Devi évoque une lecture essentielle et nul ne pourra la contredire.
La version française du roman traduite par Haddiyah Tegally sortira début septembre en France (Ed. Globe). La version originale devrait paraître courant février (Indigo Press)
Photo en médaillon © Umar Timol

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